épîtres clément marot
17438
post-template-default,single,single-post,postid-17438,single-format-standard,ajax_fade,page_not_loaded,,qode-theme-ver-6.1,wpb-js-composer js-comp-ver-4.3.5,vc_responsive

épîtres clément marot

12 Fév épîtres clément marot

L’épître « du camp d’Attigny » est précédée d’une suscription, et l’épître « touchant l’armée du Roi en Hainaut » est en prose. Mail Citons pour preuve le contexte paulinien et luthérien dans lequel Marot formule sa prétendue abjuration33, les dysfonctionnements de la communication épistolaire, qui figurent l’intransigeance des théologiens34, enfin la dimension symbolique du nom de Bouchart : plutôt qu’un interlocuteur véritable, celui-ci représente l’archétype du « docte docteur », adversaire obtus qui se bouche les oreilles pour éviter tout dialogue religieux35. Pour Marot, certaines épîtres commentent les projets d’édition mais font partie intégrante du livre. Il est évident qu’il pratique les petits genres traditionnels du Moyen Ȃge. Selon les arts poétiques de l\'époque, l\'épître est une missive amoureuse versifiée. Recueil poétique de Clément Marot (1496-1544), publié dans les Œuvres de Clément Marot à Lyon chez Étienne Dolet en 1538. 14 Sur la dispositio rhétorique des épîtres de Marot, voir l’étude de John E. Clark, « Marot and Fabri’s Rhetoric of Letters ». samedi, à 09:45. Le critique ne voit là qu’« obscénité voilée », jeu qui n’a « ni queue ni tête ». Jean 15, 1-2 également. Mais l’auteur garde une distance ironique par rapport au malheur de Raisin, puni pour son intempérance et ses excès, et demeurant excessif dans ses désirs au sein même de son malheur, par là interprétable comme un châtiment ou une épreuve. 12 Sur les artes dictaminis, ces traités de première rhétorique destinés à l’apprentissage par les clercs de l’art épistolaire et diffusés dans toute l’Europe du XIe jusqu’au XVe siècle, voir l’étude fondatrice de James J. Murphy, Rhetorics in the Middle Ages, a History of Rhetorical Theory from St Augustine to the Renaissance, Berkeley-LA-Londres, University of California Press, 1974. » Crossroads and Perspectives : French literature of the Renaissance. Berthon, Guillaume. Précurseur de la Pléiade, il est le poète officiel de la cour de François Iᵉʳ. Le contraste entre gravité et gaillardise dans le récit bachique de sa vie de vérolé envoyé à l’étuve suscite un décalage burlesque : Raisin risque de faire rire à ses dépens, alors que Bourgeon fait sourire à dessein. L’efficacité du « discours habile sans le paraître » est en effet vantée par Hermogène de Tarse dans L’Art rhétorique, tr. Qui t’a induit à faire / Emprisonner depuis six jours en çà / Un tien ami, qui onc ne t’offensa ? Paris : Classiques Garnier, 1990 (t. I) et 1993 (t. II). Ainsi que le faisait le grand Clément Marot, Adressant épîtres, ballades et rondeaux Aux plus grands des seigneurs, sans oublier le roi, J'emploie aujourd'hui ma plume — qui n'est pas d'oie, À réveiller ce genre autrefois fanfaron Pour te dédier, ô gagnant de l'EuroMillions, Ces rimes d'un autre âge et … La tautologie facétieuse détend certes le noble destinataire et le prédispose au geste généreux, fonction pragmatique de la plaisanterie. Une observation attentive des onze épîtres de L’Adolescence clémentine nous apprend que Marot fait non seulement usage de cette division en cinq parties, mais encore qu’il l’adapte avec finesse en fonction du résultat désiré14. La distinction établie entre les personnes « rudes » et les « affables » (v. 13) pourrait quant à elle renvoyer au double sens de l’épître à Bouchart : sous les traits de l’« ami » que Marot prétend solliciter se cache en fait un redoutable adversaire dont il dénonce l’acharnement. 27 Cymetiere XI (non publié), OP2, p. 396 : « Cy gist Martin, qui pour saouller Alix, / Tant culleta qu’il en perdit la vie : […] / Il esgouta toute son eau de vie ». Aux vers 82-88 de l’épître du « Dépourvu », Marot a recours à la rime sénée pour figurer une crise momentanée de l’écriture que le poète ne peut surmonter sinon en s’engageant sur un nouveau chemin poétique20. Le jeune Bourgeon sollicite une monture du seigneur de la Rocque, et Raisin sollicite la compassion et la protection du même la Rocque, personnage bien placé à la cour de François Ier5. Clement Marot (1496-1544) fut vraiment, en un sens, le premier des poetes francais, rompant avec le style artificiel, convenu et pesant des "Rhetoriqueurs". Le désir de plaisir, de confort et de faveur, le service et la conquête ne regardent pas que les capitaines et les chevaliers, et Marot travaille à se distancier – sans totalement s’en dissocier – du sort de Bourgeon et Raisin, un peu comme le fait Rabelais avec ses personnages d’éternels altérés. Poème Suivant >> Poème publié et mis à jour le: 14 novembre 2012. Goyet, Francis. En contre-exemple de ce pauvre Raisin pratiquement émasculé, le père de la Roque aurait été surnommé « Couillaud », clin d’œil supplémentaire qui suppose une connivence devant l’équivoque. « Sur l’ordre de L’Adolescence clementine. Clément Marot Clément Marot naquit à Cahors en 1496. Ce réseau part de la vigne, et une imagerie naturelle et générative en découle. Pauline Dorio, « Les épîtres de L’Adolescence clémentine : le parti-pris du familier », Babel [En ligne], Hors-série Agrégation | 2019, mis en ligne le 01 janvier 2019, consulté le 10 février 2021. 2 F. Lestringant, « Le rire de L’Adolescence clémentine », dans Chr. 4 Dans le Quintil horatian, Marot est ainsi le seul auteur moderne, avec Jean Lemaire de Belges, à être cité par Barthélemy Aneau lorsqu’il recense les auteurs épistoliers. Sur la notion de fruition en rapport avec la production du sens, voir T. Cave, Cornucopia, Figures de l’abondance au XVIe siècle, tr. C’est pourquoi ceux qui l’entendent, si incapables qu’ils soient eux-mêmes de parler [infantes], se figurent néanmoins qu’ils peuvent le faire de cette façon-là. Liminary texts to the Psalms (two epistles, one epigram) Two dedicatory epistles (and an epigram) accompany Marot’s Psalm poems. Enfin, la prétérition anaphorique qui inaugure l’épître « À son ami Lyon » figurerait un mécanisme libérateur affranchissant le discours poétique de la « prison formelle » dans laquelle la tradition le maintenait jusqu’alors22. Une telle constance semble désigner l’épître comme un lieu d’investissement poétique et personnel tout à fait unique dans l’ensemble de sa production. Dans l’édition princeps, ces poèmes suivent la célèbre Petite epistre au Roy, qui met en scène par la fable un rapport de service mutuel3. » Clément Marot « Prince des poëtes françois » 1496-1996. Colard, Jean-Max. 4Pour commencer, dans ce double échantillon de « marovaudage » (selon le mot de Gérard Defaux)10 prenant place dans le recueil juste avant le cycle des Complaintes et Épitaphes, une subversion de la complainte se fait jour. Francis Goyet remarque ainsi que la cohérence de L’Adolescence clémentine de 1532 naît du thème de Ferme Amour, qui, dans la section épistolaire, prend une coloration amicale et collective. Huchon, Mireille. ), Rébus de la Renaissance. La rime « escus » : « Bacchus » (épître IX, v. 27-28) nous rappelle que l’équivoque « Bacchus »/« bas culs » est exploitée par Rabelais dans son Cinquième Livre (ch. Adieu aux dames de la cour. dans les épîtres de Jean Marot à François Ier et Claude de France / The Thunder and the Bells. Dans le recueil de Marot, le familier s’inscrit toutefois dans un contexte poétique inédit : il se transforme en conséquence, pour offrir au poète en quête de son identité un espace d’expression absolument singulier. Nice : Association des Publications de la Faculté des Lettres de Nice, 1997. p. 39-57. Clément Marot. Recueil poétique de Clément Marot (1496-1544), publié dans les Œuvres de Clément Marot à Lyon chez Étienne Dolet en 1538. Doublement adaptée de la salutatio propre à la rhétorique épistolaire et de la tradition poétique de l’envoi, la suscription fournit des repères génériques et typologiques au lecteur, à une époque où l’épître en vers de langue française est encore peu implantée en poésie. Biographie de Clément Marot Biographie de Clément Marot (1496-1544) Poète huguenot français. Les Œuvres. 19 Si la chronologie semble être un des critères d’agencement des épîtres marotiques, d’autres principes d’organisation moins immédiatement évidents viennent compléter ce classement général. AUTOUR DE CLÉMENT MAROT ET DES RECUEILS COLLECTIFS. Il commence à écrire quelques vers et se fait remarquer par la reine Anne de Bretagne. Dans l’épître de Raisin, « Faulcon » (v. 32) et « courtauld » (v. 19) n’ont pas que des référents animaliers ou obscènes ; ils désignent aussi des pièces d’artillerie, comme dans d’autres poèmes à thématique militaire ou satirique. Frank, Clément Marot, de l’Adolescence à l’Enfer, éditions Paradigme, Orléans, 2006, 186 p. La Religion de Marot, Paris, Nizet, 1973, 188 p. Mayer C-A, Clément Marot et autres études sur la littérature française de la Renaissance, Paris, Champion, 1993, 394 p. Florian, Clément Marot … Si l’on conçoit que, dans cette perspective, l’épître de Maguelonne puisse être envisagée comme un poème de jeunesse prolongeant le souvenir d’une pratique dépassée, que dire de l’épître « À son ami Lyon », située à l’extrême fin de la section, mais évoquant la situation de Marot prisonnier par le moyen indirect d’une fable ésopique ? Gérard Defaux. *FREE* shipping on qualifying offers. Raisin, selon une symétrie ironique que l’on va bientôt développer, insiste quant à lui sur l’« ennuy » empathique que doit sentir son ami à entendre le récit de ses mortels déboires. Dorio, Pauline. Éd. À l’instar du modeste Bourgeon qui demande un cheval pour mieux accomplir son service, ce que sollicite Marot dans ses requêtes, c’est une « grâce particulière » octroyée pour le don gracieux de rimes souriantes. 3En 1532, Clément Marot est ainsi le premier poète de langue française à faire le choix de rassembler des épîtres majoritairement personnelles dans une section entièrement dédiée au genre épistolaire. Les images les plus obscènes s’y combinent pour délivrer les sentences les plus moralisatrices, par exemple : « Folle-mange-vits = Follement je vis » (p. 267). Selon les arts poétiques de l\'époque, l\'épître est une missive amoureuse versifiée. « Les Epistres veneriennes de Michel d’Amboise : une transformation de l’épître marotique. 7 Dans la première moitié du XVIe siècle, la suscription est une partie de l’épître typographiquement séparée du reste du texte et parfois mise en relief sur le plan de la versification. Au contraire, dans l’épître de Bourgeon, sujet boiteux, physiquement diminué, c’est la virilité de l’ennemi allégorique (« Désespoir ») qui est menacée par la puissance de frappe de La Roque. l’expression « entre deux Airs » comme éloge du bon serviteur Florimond, dans la Déploration de Florimond Robertet (Deploration sur le Trespas de Messire Florimond Robertet, OP1, p. 207-223). Le Sublime du « lieu commun » : l’invention rhétorique dans l’Antiquité et à la Renaissance. Églogue de Marot au Roy soulz les noms de Pan et Robin. 6Nos épîtres fonctionnent donc à l’évidence comme un diptyque et révèlent à la lecture une symétrie de structure, reposant sur le contraste de ton et de personae et la cohésion figurative. 26 Marot prolonge une tradition du contrepoint, du contre-éloge : il lance par exemple la mode des blasons et contre-blasons et met en regard dans ses Épigrammes le Beau puis le Laid tétin. L’École des rhétoriqueurs, Genève, Slatkine, 1998, p. 105-112. Il s’agira tout d’abord de prendre l’entière mesure de l’éclat qui entoure cette série de onze épîtres s’exhibant comme le tour de force d’un auteur en pleine maîtrise de son art. Le passage évoque le Temple de Cupido, poème dans lequel les treilles de Priapus (voûtes du temple) étaient pleines de bourgeons et de raisins : « Là dependent tant seullement / Bourgeons, & raisins à plaisance, / Et pour en planter abondance, / Bien souvent y entre Bacchus, / A qui Amour donne puissance, / De mettre guerre entre bas culz » (v. 277-282). En m ' esbatant je fais rondeaulx en rithme, Et en rithmant bien souvent je m ' enrime; Brief, c'est pitié d'entre nous rithmailleurs, Car vous trouvez assez de rithme ailleurs, Et quand vous plaist, mieulx que moy rithmassez. Vu sous cet angle, et en lisant les deux épîtres comme un tableau historié, une séquence narrative en deux volets, on entend que la guerre – à laquelle se destinent logiquement deux capitaines – livre une prometteuse et verte jeunesse (quoique nécessiteuse et naïve : cas de Bourgeon) aux mains des courtisanes vérolées et des affreux Turcs (cas de Raisin) qui les épuisent, les dévitalisent, les dévirilisent. D’où une auto-parodie subtile, qui subvertit la complainte par la gauloiserie et la gauloiserie par un spiritualisme éthiquement et poétiquement productif32. Pour évoquer le dénuement et la sincérité avec lesquels il s’expose à Marguerite d’Alençon, dont il espère gagner la confiance et la protection, Marot emploie en effet deux verbes fréquemment usités en contexte épistolaire : au v. 175, il explique qu’aucun talent caché n’est « enclos » en lui-même ; au v. 179, il affirme avoir été « envoyé » vers son destinataire par le roi François Ier. 9 Mireille Huchon, « Rhétorique de l’épître marotique ». Les épîtres de Marot / Joseph Vianey: Publié : Paris : Société française d'éditions littéraires et techniques, 1935: Description matérielle : ... Marot > Clément > 1496-1544 > Critique et interprétation. Sur le plan de la tradition littéraire, la même diversité est de mise : dans l’épître de Maguelonne, Marot donne à une légende médiévale la forme classique d’une héroïde ; l’enchâssement sur lequel repose l’épître du « Dépourvu » reproduit un schéma caractéristique de la poésie des Rhétoriqueurs. 24En 1910, Henry Guy a proposé de distinguer dans la production épistolaire du XVIe siècle les épîtres « artificielles » d’une part et les « naturelles » de l’autre : il prétendait ainsi établir une hiérarchie entre les héroïdes des Rhétoriqueurs et les épîtres de la génération marotique29. Éd. Par cette analogie s’éclaire l’affinité existant entre notre auteur et son genre de prédilection : à la fois poétique et familière, l’épître telle qu’il la pratique lui offre la possibilité de transformer le réel à sa guise tout en investissant les fictions qu’il élabore d’un substrat personnel absolument unique. Screech, Michael Andrew. les « vrais » Gaulois de la ballade IX de L’Adolescence clémentine : De l’Arrivée de Monsieur d’Alençon en Haynaut (OP1, p. 120-121), qui fondront sans problème sur ces grossiers gens du nord, lesquels en ont après nos vins, eux qui n’ont que leurs piteuses bières…. 35 La première expression construite autour du verbe « bouscher » que renferme le Dictionnaire françois latin de Robert Estienne est en effet « Bouscher ou estouper ses oreilles ». Les titres des poèmes incluent, outre cette indication générique, le nom du destinataire (« Pierre de Provence », « Monsieur Bouchart », le « seigneur de la Roque »), son statut civil (la « Demoiselle négligente » est par exemple une jeune femme célibataire), sa fonction (« Docteur en théologie ») ou son titre de noblesse (la « duchesse d’Alençon », le « roi »). Il n’y a dans la requête de Bourgeon qu’une demande gracieuse et concrète facilitée par la facétie, alors que le pathétique de la persona de Raisin empêche la persuasion par l’humour ou le ton héroï-comique. N’oublions pas en effet que l’idée de maturation est inscrite au cœur même du programme déterminé par le titre et l’appareil liminaire du recueil18. 39 Clément Marot, L’Adolescence clémentine, p. 202-203. ), Clément Marot, « Prince des Poëtes français », 1496-1996. À notre connaissance, aucun critique ni éditeur moderne de Marot n’a su lire cette équivoque sur « aller à pied » et « dé-mûrir/demeurer ». Genève : Droz, 1967. Épistre à Sagonet, à la Hueterie, par Clément Marot. Pour Marot, certaines épîtres commentent les projets d’édition mais font partie intégrante du livre. Significativement, dans notre corpus, ce processus de dévoilement indirect se traduit par une métaphore épistolaire, celle du pli que l’on décachète afin d’en lire le contenu. 5Cette inclination n’est pas passée inaperçue, loin s’en faut. 1. Quand vous serez hors d’aage / […] / Car sans humeur seiches vous demourrez » (v. 178-182) ; « Pource que trop serez vieilles pellées, / Desjà vous prend icelle maladie » (v. 188-189). Il fut un des premiers grands poètes classiques français et le protégé de Marguerite de Navarre, sour du roi de France François Ier. Des milliers de livres avec la livraison chez vous en 1 jour ou en magasin avec -5% de réduction . Du meilleur genre d’orateurs, tr. Lorsque son père, poète lui-même et membre du groupe desrhétoriqueurs, devint escripvain d'Anne de Bretagne, il … 31De nouveau, la pérennisation de la familiarité passe par une opération de dévoilement qui reproduit, sur le plan de l’échange interpersonnel, la réception et la lecture d’une lettre. Paris : Champion, 2003. L’épître à la « Demoiselle négligente de venir voir ses amis » est quant à elle entièrement déterminée par le souhait des locuteurs de voir leur amie revenir parmi eux. Search for: Citation du Jour. Elles introduisent cependant une imagerie générative. 17 Francis Goyet voit en effet en la demoiselle attendue par ses amis une allégorie de la Paix (« Sur l’ordre de L’Adolescence clementine »). La complainte au premier degré apparaît en revanche comme un choix vain (vanité au sens de complaisance et inanité), et potentiellement ridicule, comme dans le cas de Raisin pour qui le comble du malheur, vu son état syphilitique, est l’interdiction de chopiner12. 1 Jean Lemaire, Le Temple d’honneur et de vertus, [Paris, A. Vérard, 1504], f. A4 r°-v° : « À son amy le Maire Cretin mande / salut assez pour comblë une mande ». Paris : Classiques Garnier, 2014. et éd. Antoine de Saint-Exupéry. Un examen conjoint du couple d’épîtres de « Bourgeon » et « Raisin », souvent source de perplexité du fait d’un mélange d’épistolarité, d’allégorie, d’équivoque et de narration fantaisiste (Frank Lestringant dit le contenu « fatrasique »2), étaye l’analyse du refus de l’exaltation chevaleresque chez Marot poète de l’humble, tout en introduisant l’imagerie polysémique qui soutient chez lui un continuum de la générativité, de la productivité textuelle, sexuelle, sociale et spirituelle. 28 L’épître joue sur l’adage Sine Cerere et Baccho friget Venus (cité par G. Defaux, note 17, OP1, p. 431). Bien que marqué par l'héritage médiéval, Clément Marot est un des premiers poètes français modernes. CONFIGURATION DU CHAMP POÉTIQUE FRANÇAIS (1536-1537) / On appréciera de même dans l’épître de Raisin la multiplication des images suggérant la stérilité, tels les « flacons vuides » (v. 57). Ce dispositif complexe fait perdre de vue la situation d’énonciation épistolaire du texte et partant, son appartenance au genre de l’épître. À l’intérieur de ce schéma, la lettre familière constitue d’abord un type – c’est le cas par exemple dans Le Grand et vrai art de pleine Rhétorique de Pierre Fabri, premier traité à proposer une théorie épistolaire en français – avant de devenir, dans l’Opus de Conscribendis Epistolis publié par Érasme en 1522, un genre à part entière. A Monsieur de la Rocque, et Epistre faite pour le Capitaine Raisin, audict Seigneur de la Rocque, dans Id., œuvres poétiques, éd. 26Les poèmes cinq et six poursuivent ce jeu de masques : l’épître « À la Demoiselle négligente » et celle des « jarretières blanches » empruntent des schémas amoureux topiques, l’absence de la dame d’une part, le fait de porter les couleurs de son amante de l’autre, mais cachent respectivement un message évangélique – les amants qui attendent la demoiselle forment une communauté de croyants unis dans l’espérance de la paix31 – et une intention parodique – la fermeté affichée par l’amant s’épuisant en effet dans la couleur de sa livrée. Le sort de Raisin est au contraire coupé de l’espoir (sauf de celui, pitoyable, de boire… et d’être plaint) par le fait qu’il est incapable de sourire de son malheur, d’en minorer le pathétique dans l’humour qui adoucit « l’aigreur » (v. 68), comme réussit à le faire Bourgeon en esquivant la complainte. Bien que marqué par l'héritage médiéval, Clément Marot est un des premiers poètes français modernes. Car la précision de ce style [orationis subtilitas] paraît imitable, au moins à en juger, mais rien n’est moins vrai quand on s’y essaye [nihil est experienti minus] » (L’Orateur [Orator], § 75-76, dans L’Orateur. Paris : Champion, 1997. p. 551-552. Voir la notice dans le catalogue OpenEdition, Plan du site – Commandes – Mentions légales et Crédits – Contact – Flux de syndication, Nous adhérons à OpenEdition Journals – Édité avec Lodel – Accès réservé, Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search, Identité et altérité dans la littérature de l’espace euro-méditerranéen, Écritures minoritaires de la mémoire dans les Amériques, L’imaginaire des grands espaces américains, La guerre future : lectures francophones et hispanophones aux XIXe et XXe siècles, Le « trans- » et la fiction hispano-américaine contemporaine, La Méditerranée au pluriel. 1Que la section d’épîtres insérée au début de L’Adolescence clémentine manifeste, de la part de Clément Marot, une prédilection singulière, l’histoire du genre épistolaire et de son inscription dans la poésie imprimée de langue française nous l’apprend sans détour. Rosenthal Olivia, « Clément Marot : une poétique de la requête », in Clément Marot, « Prince des poëtes françois » 1496-1996, actes du colloque international de Cahors-en-Quercy, 21-25 mai 1996, dir. 4 « Item, il est assauoir que en lettres, missiues et presque en toutes, l’en faict touiours demande ; et, pour iustement demander, il est requis de demonstrer sa petition estre iuste ; secondement, estre possible a celuy a qui on demande en luy exposant la possibilité ; tiercement, assigner, la remuneration » : ces étapes de l’épître de requête sont implicites ou explicites selon la situation, selon Pierre Fabri, Le Grand et vray art de pleine rhetorique [1521], Genève, Slatkine Reprints, 1972, p. 203. Marot à l'Empereur. 38 « Bien écrirais encores autre chose, / Mais mieux me vaut rendre ma lettre close / En cet endroit » (L’Adolescence clemenine, p. 189). Ce serviteur à l’esprit libre se (et nous) demande s’il ne vaut pas mieux aller à pied dans tous les sens – car on songe de surcroît au sermo pedestris comme désignation du style simple, et au qualificatif d’humilis (à ras de terre)30 – plutôt que de finir « hors d’haleine » dans tous les sens : privé de souffle et de liqueur fertile, d’inspiration31. 15 Cette description commence au vers 15 (« Or est ainsi… ») et se termine au vers 135 (« Bien écrirais encores autre chose »). 7 F. Cornilliat, « Or ne mens ». Sa lecture serrée des enchaînements qui lient l’épître à Maguelonne, l’« Epistre du dépourvu », la lettre « touchant l’armée du roi en Hainaut » ou encore l’épître « À la Demoiselle négligente de venir voir ses amis », met en relief le cheminement des textes vers un horizon évangélique où la paix se voit garantie par l’entente entre amis. 3L’épître du capitaine Bourgeon relève du sous-genre de la requête de monture, genre familier des Rhétoriqueurs et où Jean Marot, le père du poète, s’est lui-même illustré – ainsi que Clément, notamment dans le rondeau XXXIV de L’Adolescence, intitulé Au Roy, pour avoir argent au desloger de Reins ainsi que l’épître Au Roy [pour avoir esté desrobé]6. Clément Marot (1497-1544) 11 Avr 2020 15h00. - Clément Marot, aut.. - [11] (2011) avec Clément Marot (1496-1544) comme Auteur du texte Paris : Champion, 1997. p. 283-299. Il n’est guère que la versification qui donne à voir une certaine régularité, puisque la plupart des poèmes sont bâtis sur l’enchaînement régulier de décasyllabes à rimes plates : encore devons-nous exclure ici les rondeaux et les ballades des deux premiers poèmes ainsi que l’épître en prose « touchant l’armée du roi en Hainaut », véritable hapax dans l’ensemble des œuvres publiées par Marot. 31 Pour un éclairage de la portée évangélique de l’épître « À la Demoiselle négligente », voir Francis Goyet, « Sur l’ordre de L’Adolescence clémentine », p. 600-601. 12Les repères intratextuels mis en place par le poète, s’ils sont moins immédiatement repérables, n’en contribuent pas moins à établir, pour l’ensemble de la section, un soubassement rhétorique déterminant pour l’illustration du genre épistolaire. 3 Parmi les poètes ayant, sur le modèle marotique, fait la part belle au genre épistolaire dans les années 1530, on peut citer Michel d’Amboise, Eustorg de Beaulieu ou encore Roger de Collerye. Lorsqu’elle accède à une diffusion imprimée, c’est souvent par la marge ou bien indépendamment de la volonté du poète épistolier : la première épître personnelle à avoir été publiée se trouve ainsi insérée parmi les pièces liminaires du Temple d’honneur et de vertus de Jean Lemaire de Belges, paru en 15041. Clément Marot : nouveaux horizons de la poésie et du poète à la Renaissance. Ainsi que le faisait le grand Clément Marot, Adressant épîtres, ballades et rondeaux Aux plus grands des seigneurs, sans oublier le roi, J'emploie aujourd'hui ma plume — qui n'est pas d'oie, À réveiller ce genre autrefois fanfaron Pour te dédier, ô gagnant de l'EuroMillions, Ces … Bourgeon commence en effet par déclarer : « A vous me plaings » (v. 3) ; et Raisin raconte sa « male adventure » (v. 6), exprime son « grand dueil » (v. 68). Marot se rapproche là de la fonction de logographe ou d’acteur au sens des Rhétoriqueurs, fonction dans laquelle se distinguent l’autorité-source, l’ethos de l’auteur et la persona du scripteur (deux « capitaines » en l’occurrence).

Banlieusard Kery James Film, Coût De Dédouanement Voiture, Cours Bts Muc Pdf, Thierry Descamps L'amour Est Dans Le Pré, Réputation Femmes Albanaises, Toyota Proace Verso Occasion,

No Comments

Post A Comment